5 septembre 2024, nous avons un Premier Ministre..
A la suite des élections du 7 juillet 2024, le président de la République a choisi de profiter de la trêve des Jeux olympiques et a pris son temps pour nommer un Premier ministre, près de 50 jours après les résultats. La tâche n’a certes pas été simple, compte tenu de la fragmentation de l’Assemblée nationale et des menaces des partis extrémistes, tant de l’extrême gauche (LFI) que de l’extrême droite (le Rassemblement national), qui ont brandi la menace d’une motion de censure dès l’arrivée du gouvernement.
Cela dit, Emmanuel Macron a finalement nommé Michel Barnier au poste de Premier ministre. Vous pouvez consulter son CV sur le site. Dans cet article, je vais vous donner mon avis sur le personnage et sur la politique qu’il va mener. Comme tous les articles sur ce site, cet article est destiné à évoluer avec le temps. Par souci de transparence, toutes les modifications seront datées.
Ma légitimité pour donner mon avis
Sans avoir le syndrome de l’imposteur, je pourrais dire que je n’ai quasiment aucune légitimité pour donner mon avis sur un homme qui a été quatre fois ministre, député, sénateur, commissaire européen, qui a négocié le Brexit et qui est dans le monde politique depuis 51 ans.
Cependant, les ambitions de mon think tank, Elysée Conseils, visant à créer un programme de législature cohérent et allant dans le sens de l’histoire pour la France et les Français, m’obligent aujourd’hui à m’intéresser à ce nouveau Premier ministre. Je vais donc commenter sa carrière et, surtout, ses actes futurs…
Un homme d'expérience
Le moins que l’on puisse dire en voyant le CV de Michel Barnier, c’est qu’il s’agit d’un homme d’expérience. Élu alors que je n’étais même pas né, il est très rapidement entré en politique et a exercé un grand nombre de responsabilités. Michel Barnier a occupé de nombreuses fonctions au cours de sa carrière. Il a été Commissaire européen, Vice-président de la Commission européenne chargé du marché intérieur et des services, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Ministre des Affaires étrangères, Ministre délégué aux Affaires européennes, Ministre de l’Environnement, Député européen, Président de la délégation française du PPE, Sénateur de la Savoie, Président du Conseil général de Savoie, Député de la Savoie, et Conseiller général de la Savoie. Il a également été Vice-président du Parti populaire européen et Président du groupe sur la défense et la sécurité européenne du même parti.
L’une des fonctions qui m’impressionne le plus est son rôle de négociateur dans le Brexit avec le Royaume-Uni de Boris Johnson, face à tous les autres membres de l’Union européenne. Personnellement, je pense que la tâche n’a pas dû être simple. Lui et ses équipes n’ont certainement pas compté le nombre d’heures de travail.
Un engament écologique fort
Là aussi sur ce point je reste assez impressionnée par les réalisations de Michel Barnier et ses engagements tout au long de sa carrière politique. Je pense qu’il en a fait bien plus que certains leaders écologiques de nos jours…
Voici une liste des réalisations de Michel Barnier en matière d’écologie, organisées par période et fonction :
- Au cabinet de Robert Poujade (1973) :
- Participation à la création de parcs nationaux
- Mise en place des jalons du principe pollueur-payeur
- Obligation de désulfuration des cheminées
- Réduction de la teneur en plomb dans l’essence
- Élargissement des pouvoirs des agences de l’eau
- Député et rapporteur du budget de l’Environnement (à partir de 1978) :
- Plusieurs années de suivi spécifique du budget de l’Environnement à l’Assemblée nationale
- Publication du rapport « Chacun pour tous » (1990) :
- Proposition de création d’un grand ministère regroupant Environnement et Équipement
- Proposition d’une TVE (taxe à la valeur écologique)
- Promotion des économies d’énergie et de la diversification énergétique
- Ministre de l’Environnement (1993-1995) :
- Création de la « taxe Barnier » sur les passagers du transport maritime pour financer la protection d’espaces naturels
- Abandon de quatre grands barrages sur la Loire
- Création du « fonds Barnier » pour financer la prévention des risques naturels majeurs
- Loi Barnier (1995) :
- Création de la Commission nationale du débat public
- Lancement des plans de prévention des risques naturels prévisibles
- Inscription du principe de précaution dans la loi
- Ministre de l’Agriculture (2007) :
- Soutien massif à l’agriculture biologique
- Freinage du développement des OGM
- Lancement du plan Écophyto visant à réduire de 50% l’usage des pesticides
- Ouverture du ministère aux associations environnementales
- Candidat à la primaire de la droite (2021) :
- Proposition de relance immédiate de six réacteurs nucléaires
- Proposition de relance du programme Astrid de réacteurs de quatrième génération
- Plaidoyer pour le développement massif des énergies renouvelables (sauf l’éolien)
- Premier ministre (2024) :
- Mise sur le même plan de la lutte contre le changement climatique et du redressement des finances publiques
- Promesse de dire « la vérité aux Français sur la dette écologique »
Une réflexion politique omni présente.
Pour le moment, il me semble être un homme assez pragmatique, pas complètement endoctriné dans des idéologies, et capable de modifier ses positions au fil du temps. Cela me paraît assez logique pour un politicien de s’adapter au contexte, contrairement à certains qui restent bloqués sur le même discours depuis des années, aujourd’hui à contre-courant des réalités.
Je vous propose de regarder le sommaire de ces deux ouvrages. Il me semble que les questions posées sont pertinentes. Maintenant, il va falloir juger sur pièce et voir quelles réponses seront apportées, sachant que l’Assemblée nationale aura de toute façon le dernier mot.
Se reposer ou être libre – broché – Michel Barnier – Achat Livre ou ebook | fnac 2014
Vers une mer inconnue – Michel Barnier – Achat Livre ou ebook | fnac 1994 !
Mon avis au 08/09/2024
Je reste aujourd’hui persuadé qu’après les vétos imposés par le NFP puis par le RN sur les choix des Premiers ministres, et face à l’incapacité de nos 577 députés à trouver un consensus, le président n’avait pas vraiment le choix. Il fallait trouver un homme avec une culture du consensus et de la négociation. Sur ce point, le CV de Michel Barnier est on ne peut plus clair.
À ce jour, le gouvernement n’est pas encore constitué. Je reviendrai donc sur ce sujet dans un article à ce moment-là, ainsi que tout au long de son parcours de Premier ministre.
